Certaines personnes créent les circonstances pour le trouver et s’y épanouir. D’autres le rencontrent par hasard et par obligation, lorsqu’un contexte extérieur les y contraint. Tous, un jour ou l’autre, volontairement ou non, nous faisons l’expérience du silence. Une absence de mots et de bruits qui apparaît dans un premier temps comme un vide profond teinté de solitude, puis qui devient au fil de l’apprivoisement un espace plein fait de présence et, paradoxalement peut-être, de connexion au monde.
Choisie ou subie, l’expérience du silence transcende, nourrit profondément et est source de nombreux bienfaits, autant pour le corps que pour l’esprit. Petit tour d’horizon des vertus du silence…
Écouter le silence : les bienfaits sur le corps
Toutes les études menées sur le sujet (et elles sont nombreuses) confirment que le bruit, sur le lieu de travail comme à la maison, est considéré comme la première source de nuisance. Il peut s’agir du rugissement incessant des moteurs, du vrombissement des ventilateurs, des martèlements des marteaux piqueurs, mais également des verbiages continus tout droits sortis de la bouche de vraies personnes ou d’un écran de téléviseur. Ces bruits constants rendent n’importe quel son aussi incompréhensible qu’insupportable. Ils agressent l’oreille, et perturbent absolument tous les processus physiologiques. Sommeil, système digestif, endocrinien et immunitaire. Tout y passe. Le bruit permanent est un facteur favorisant l’apparition de maladies cardio-vasculaires et de symptômes anxio-dépressifs.
À l’inverse, le silence aussi a été étudié, et sans pour autant qu’il soit associé à la pratique méditative. Assis en lotus ou pas, conscient ou non, volontaire ou aucunement recherché, le silence régénère littéralement le corps. Il rétablit les rythmes physiologiques, amène un sentiment de repos et prédispose à une réorganisation neuronale bénéfique. Dans les moments de silence, le corps physique récupère, et les capacités cognitives s’affûtent. Les niveaux de stress et d’anxiété diminuent de façon surprenante, et les risques de maladies chroniques avec.
Faire le silence : les bienfaits sur l’esprit
Que l’on décide de faire le silence ou que l’on doive s’y contraindre, ne pas prononcer un mot, cela s’apprivoise et demande un peu de temps avant de ne plus être perçu comme quelque chose de contre nature et de difficile. Mais une fois cette étape franchie, c’est une tout autre vision du silence qui apparaît : loin d’être contradictoire avec ce que nous sommes, le silence est en réalité ce qui nous fait et ce qui nous révèle. La plus grande partie de notre esprit est masquée par le bruit, qu’il s’agisse du bruit extérieur ou de celui que nous produisons nous-même. Pourtant, il suffit d’une brève expérience du silence pour saisir combien les intuitions et les émotions s’explorent mieux une fois déchargées du flot de paroles et de sons qui ne servent à rien.
Les décisions importantes, aussi, ne peuvent être prises qu’en-dehors de bavardages. Que le silence soit teinté de croyances et de spiritualité ou non, ce n’est que dans le non-verbe que la concentration, le questionnement, et la mémorisation peuvent se faire de façon optimale. Le silence développe les capacités mentales, indéniablement. Mais le silence permet également une meilleure communication avec l’autre. Tout simplement parce qu’il permet d’écouter, et de ne pas alimenter une discussion stérile faite uniquement de surenchères.
Loin d’être une fermeture, un retrait, le silence est une invitation, autant à soi qu’à l’autre. Et pour reprendre un fameux proverbe japonais, « Ce qu’un homme ne dit pas est le sel de la conversation », invitons le silence à être le sel de notre quotidien.


