Autant vous le dire tout de suite : aucune envie de rentrer dans le débat des « bonnes » formations d’enseignants de Pilates contre les « mauvaises ». Il y a de tout, c’est comme partout, et si vous y regardez bien, un prof qui vous dit que telle formation est la meilleure, la plus sérieuse, etc., eh bien c’est de la sienne dont il parle, évidemment. Et c’est logique.
Oui, un enseignant Pilates doit être absolument et spécifiquement formé. Oui, il doit même être « multi » formé : formations matwork sur plusieurs niveaux, formation petit matériel, formations machines Pilates, formation femmes enceintes, formation séniors, sons oublier le BP JEPS, brevet qui n’a rien à voir avec la méthode Pilates mais qui est obligatoire pour enseigner une activité sportive en France et se faire payer pour ça.
Donc tout cela étant dit, on ne va pas vous parler de ça. Parce qu’un passionné de Pilates peut avoir tous ces diplômes et être capable de réaliser tous les mouvements de façon impeccable, ça n’en fera pas pour autant un bon prof de Pilates. Il faut d’autres qualités, et c’est bien de cela que l’on veut parler dans cet article.
Distinguer le savoir-faire et le faire-savoir pour bien enseigner le Pilates
La transmission ne passe pas par la démonstration. Bien sûr, il faut montrer un mouvement au moment de l’apprentissage. Mais faire une démonstration parfaite ne permet pas à un élève de comprendre toutes les subtilités de la méthode Pilates : le comment, le pourquoi, bref, toute la compréhension corporelle qu’exige la discipline pour être efficace. Et cette compréhension ne passe pas, donc, par un jeu de mimétisme.
Un bon prof, d’ailleurs, n’a pas forcément besoin de savoir tout faire nickel pour être un bon prof. Ce n’est pas l’exécution qui fait la maîtrise. Par exemple et en toute honnêteté mêlée d’humilité : mes Rolling Like a Ball ont toujours été ratés ! Eh bien cette lacune m’a probablement servie à bien enseigner le mouvement, puisque les Rolling de mes élèves étaient beaucoup mieux que les miens ! Comme quoi, un contre-exemple est souvent plus efficace qu’une démo parfaite.
Un bon prof de Pilates n’est pas forcément un gymnaste accompli. Il a ses propres difficultés physiques à travailler, et c’est peut-être pour ça qu’il s’est mis au Pilates d’ailleurs. Quoi qu’il en soit, pour choisir un enseignant, ne vous fiez surtout pas qu’à ses exploits représentatifs. Un bon prof doit savoir se débarrasser de son égo, et se servir de ses faiblesses pour transmettre un enseignement riche.
Un bon prof de Pilates doit se remettre en question, rester curieux et entretenir son goût d’apprendre
Il est encore question d’humilité ici. Et c’est normal, être humble, savoir que malgré ses connaissances on ne sait pas grand-chose ou, en tout cas, sûrement pas tout sur tout, c’est primordial pour enseigner. Savoir répondre à un élève qui pose une question « je ne sais pas, je vais me renseigner et je te réponds à ton prochain cours », ça aussi c’est important. Finalement, être humble, c’est être vrai, et la relation enseignant-élève est (doit être) une relation de confiance fondée sur des bases saines.
La remise en question passe aussi par la curiosité et l’ouverture sur d’autres choses. En tout cas, c’est mon avis et cela n’engage que moi. Tout comme m’est avis que le Pilates ne doit pas être fusionné avec le Yoga, la barre au sol, le stretching ou le cardio. Pour autant, il est pertinent en tant qu’enseignant de s’intéresser voire de se former à ces autres disciplines. En ce qui me concerne, mes formations de Yoga ont énormément apporté à mon enseignement de Pilates et inversement, sans jamais rien mélanger dans mes leçons. De même, carrément fan de circuit-training et de pole dance, les séances que je suivais en tant qu’élève ont enrichi mes cours de Pilates et m’ont permis, je crois, de mieux comprendre mes élèves sportifs qui souhaitaient se mettre à la méthode Pilates pour « équilibrer » leurs corps et leur pratique.
Etre rigoureux et exigeant pour que l’élève s’aperçoive de son potentiel
Sur ce point, je ne remercierai jamais assez ma prof de danse classique ! Elle m’a traitée de « pingouin des îles » de mes 6 ans jusqu’à mes 17 (je n’ai jamais appelé mes élèves « phoques d’Australie » ! 😉), mais elle m’a appris le cadre, la rigueur et la persévérance. Pour tirer des résultats de la méthode Pilates, il faut ce même cadre, cette même rigueur, cette même persévérance.
On en revient au fait que le Pilates est une discipline, pas un loisir que l’on fait en dilettante. Et tout cela n’empêche aucunement la bienveillance. C’est même tout l’inverse. Et quelle joie ensuite, de discuter avec certains élèves qui disent que grâce au Pilates ils ont découvert en eux un univers de possibles qu’ils ne sous-estimaient même pas !